Quelques confidences( souvenirs personnels)! Souvenirs d’ado, la joie des groupes, et une de mes difficultés…
J’ai souvenir d’une période dorée dans l’enfance, ou tout était facile : les relations d’amitié, amoureuses, la réussite scolaire. Tout était sans effort, j’étais dans une forme de bulle. J’avais mes références, ma meilleure amie, le garçon qui me plaisait, j’avais de bons résultats scolaires. Puis on m’a changée d’environnement et je ne me suis plus jamais réadaptée.
La période adolescente a été compliquée, solitaire. Je n’ose pas dire glauque, je n’ose pas parler d’un chemin de croix, mais je me demande si ça ne s’en rapproche pas parfois. J’étais dans une école de filles, ce qui ne facilite pas les choses.
J’avais honte de moi, je me sentais profondément mal à l’aise. Je ne supportais pas ma solitude, et chaque midi je cherchais désespérément quelqu’un avec qui déjeuner pour ne pas rester seule, mais en général, c’était quelqu’un que je n’appréciais pas.
Je ne supportais plus mon surnom, bébé crack (parce que j’avais 1 an d’avance et que j’étais bonne élève) – qui s’est changé 1 ou 2 fois en « bébé » pour m’humilier. Ça marchait à fonds avec moi, insupportable. Je me souviens d’avoir pleuré dans les toilettes. Je pense que c’est une des dernières fois où j’ai pleuré.
Je ne supportais plus mon identité, dont je voulais me débarrasser pour faire enfin partie des groupes de filles matures et féminines, les vraies filles, quoi.
Il n’y avait aucun espace dans lequel je pouvais respirer, à part ma chambre. C’est là que j’ai passé mes derniers moments créatifs avant longtemps (avant d’entamer une carrière de comptable) ; je me souviens que je passais des heures à dessiner un cheval se cabrant sur mon tableau Weleda. Ma sœur m’a raconté que j’écrivais des poèmes mais je ne m’en souviens plus trop. J’ai de bons souvenirs de puzzles interminables, style peinture de Vermeer, c’était jouissif de retrouver les mille reflets argentés d’un port de pêche (ou quelque chose d’approchant).
Aujourd’hui cette période sombre reste pourtant magique dans mon souvenir. J’avais d’ardents désirs. J’avais le désir de rencontrer un homme, j’avais le désir d’avoir des amies, j’étais intensément attirée par le monde autour de moi. Certaines musiques mes fascinaient. J’écoutais souvent de la musique.
Il y a eu aussi des moments lumineux. Je me souviens d’une nuit de prière organisée par mon école (je ne sais plus pour quelle cause/charité). Nous étions réparties en petits groupes, et chaque groupe devait prier pendant 1 heure. Une des filles qui m’intimidaient m’avait proposé de rejoindre à leur groupe, j’étais super flattée et terrorisée qu’on me fasse cette proposition !
Ça a été une des meilleures nuits de ma vie ou j’ai vécu (presque !) tous les bonheurs possibles : celui d’être spontanée, de rire, de parler toute la nuit, de prier (puis rapidement de ronfler) dans la chapelle, puis de continuer à parler, de tromper le contrôle des surveillants qui nous coursaient dans les couloirs, de rire, d’aller courir au petit matin.
Puis il y a le retour en classe, le matin, et mon malaise est revenu comme une chape de plomb. J’étais tellement intimidée d’avoir vécu ce bien-être, cette harmonie, cette joie d’être intégrée dans un groupe, que tout d’un coup j’ai eu peur de ne plus être intégrée ; de ne plus savoir me comporter correctement pour être acceptée et appréciée. (Cette peur m’est toujours un peu restée d’ailleurs, je l’ai encore un peu aujourd’hui). Il y a certaines personnes de ce groupe à qui je n’ai plus jamais osé parler.
Ça n’a pas été un cauchemar, plutôt comme une fermeture, qui s’est étendue à d’autres domaines de ma vie.
Je suis tombée dans les mêmes schémas avec les rencontres amoureuses. Apres un bon moment je fuyais la personne par peur de ne pas être à la hauteur. Fuite ou évitement.J’ai arrêté de lire et d’écouter de la musique, car cela me faisait me sentir mal.
J’ai continué à vivre quelques magnifiques expériences, mais globalement, je suis revenue à un encéphalogramme proche du plat pendant plusieurs années de ma vie d’adulte.
Pour moi, aujourd’hui le bonheur des relations, d’être en groupe, de rire, de me sentir bien, reste un des plus grands bonheurs de la vie, et un bonheur pas si facile que ça finalement.
Jusqu’à ce que je décide d’affronter ces comportements de fuite et de les surmonter, au bout de quelques années.