Mon expérience du jeûne Buchinger (1)

C’est en faisant des recherches pour une personne proche que j’ai découvert l’Académie Médicale du jeûne (AMJ).

J’avais tenté l’expérience du jeûne au début des années 2000 mais n’avais pas recommencé depuis.
La découverte de l’Académie médicale du jeûne m’a donné envie de renouer avec cette pratique, d’abord parce que je crois à ses vertus de guérison physique et psychique, et parce que je trouve intéressant et rassurant d’y participer en présence d’un médecin.

Le principe du jeûne

En l’absence d’alimentation, le corps change son mode de fonctionnement ; au lieu d’aller chercher à l’extérieur ses aliments, il va se tourner vers l’intérieur et utiliser les graisses stockées pour les transformer en corps cétoniques, une alimentation parfaite pour les cellules.

Dispensé du travail de digestion, il va pouvoir libérer de l’énergie pour la réparation et la guérison. Dans ce sens, il va jouer le rôle de « médecin intérieur », et réparer ce qui est à réparer. Selon l’AMJ, les bénéfices du jeûne peuvent être nombreux : baisse de l’inflammation, amélioration des fonctions cérébrales et création de neurones et de synapses, entretien des muscles et meilleure endurance, repos digestif et réparation de la muqueuse, baisse du cholestérol…Jacques, le médecin qui anime l’AMJ, compare chaque cellule à une maison avec un grand feu de cheminée ; la cellule n’ayant plus d’apport extérieur va faire un grand ménage et se débarrasser de ce qui est usagé ou défectueux pour alimenter le feu.

Les cellules malades par contre ont du mal à s’adapter à ce nouveau mode de fonctionnement et survivent difficilement, d’où l’effet bénéfique du jeûne sur la santé.

 

La méthode de jeûne proposée par l’AMJ est le jeûne Buchinger, une pratique mise au point par le Dr Buchinger, pratiquée dans les hôpitaux publics en Allemagne et remboursée par certaines assurances maladie. Cette méthode repose sur une hydratation importante, sur une « réduction alimentaire », avec une ration calorique inférieure à 250Kcal sous forme de bouillons et de jus de légumes, et sur une activité physique modérée.

 

Les phases de transition, avant et après le jeûne sont très importantes, si on veut en bénéficier pleinement et sans risques. Lors de mon précédent stage, cette partie n’avait pas du tout été gérée et j’étais arrivée sur place le ventre plein de diverses barres chocolatées achetées dans le TGV la veille…Autant dire que je n’ai pas profité des 3 premiers jours de cure. Cette fois-ci nous avons été bien accompagnés, et avons reçu une feuille de route pour bien gérer notre alimentation avant et après le jeûne.  Avant, la descente alimentaire consiste à limiter viande et poisson, puis suspendre l’alcool et les excitants, pour évoluer vers une alimentation végétale la veille du jeûne. Chaque participant au stage bénéficie d’une consultation médicale avec revue des bilans sanguins avant et après le jeûne.

 

 

Le déroulement du stage

Le stage se déroule à Cancale sur la Côte d’Émeraude en Bretagne (pas loin du Mont St Michel), du samedi soir au vendredi suivant, donc sur 5 jours, le vendredi étant le jour de reprise alimentaire.

Je suis accueillie le samedi soir à mon arrivée par Jacques et Lina, qui gèrent l’AMJ. Nous sommes un petit groupe d’une dizaine de jeûneurs, de profil et d’âge varié (de 30 à 80 ans !), de tous milieux professionnels (administratif, fonction publique, secteur du coaching, thérapie et coaching, écologie…) ; la majorité n’ont jamais jeûné.

 Chaque journée démarre par un tour de table où chacun peut partager son ressenti et ses difficultés éventuelles. Vient ensuite le jus du jour concocté par Lina à l’extracteur de jus, avec des fruits et légumes bio et crus ; un nectar ! surtout les 2 premiers jours, où j’ai particulièrement ressenti la faim. A chaque jour sa surprise et sa couleur : rouge le 1er jour (jus de chou rouge, fenouil…), orange le second (carottes, navets…), vert le 3ème

Nous enchainons par du yoga et une randonnée sur la cote à Cancale.

L’après-midi est consacré au repos (sauna à disposition), à la sieste ou à la lecture ; séance de massage ou de réflexothérapie pour ceux qui le souhaitent.

Nous nous retrouvons le soir pour un partage d’informations sur le jeûne, l’alimentation et la santé en général, et, last but not least, le bouillon du jour à base de légumes !

La journée se termine par une séance de yoga avec Anaïs. Il s’agit d’un yoga adapté aux jeûneurs, avec des séances de relaxation, respiration et méditation en fin de journée. Je garde un souvenir vibrant de ces séances de yoga, tour à tour énergisante, relaxante, introspectives…moi qui ai testé le yoga plusieurs fois par le passé et sans succès, j’ai apprécié !

Cet emploi du temps peut sembler intense, mais le jeûne n’empêche pas d’avoir de l’énergie, bien au contraire. A part une certaine fatigue le matin car je dormais mal, je me suis sentie en forme toute la semaine. Les cours de yoga et la randonnée « défatiguent », ils permettent de profiter de la nature et de la bonne énergie du groupe, et de compléter le processus d’élimination en cours avec le jeûne. Rien n’étant obligatoire, certaines personnes ont préféré s’abstenir ponctuellement d’une activité pour prendre du repos ou s‘isoler.

Je me suis sentie très soutenue par le groupe et par les animateurs tout au long du stage. Le Dr Rouillier suit individuellement chaque personne, qui bénéficie d’une consultation avec prise de sang avant et après la cure. Des mesures individuelles sont prises chaque jour (poids, tension, glycémie, pouls…).

Le stage se termine par la rupture de jeûne, avec un atelier cuisine et un repas de fête à base de légumes, à partir des recettes secrètes de Lina : houmous, pâté de lentille, salade, soupe crue d’épinards… un vrai festival, dont je me souviendrai longtemps.

 

Mon expérience du jeûne

J’ai souffert de la faim les 2 premiers jours, puis plus du tout à partir du 3e jour. Alors que je me serais bien jetée sur le bouillon le 1er jour, à partir du 3e jour je m’en serais facilement passée ; un phénomène normal car le corps se met en mode « cétose » après un délai d’adaptation et n’est plus en recherche « d’aliments extérieurs ».

Curieusement et de manière amusante, j’avais des visions furtives (de fruits ou de plateaux de fruits), je faisais des lapsus, comprenais un mot à la place d’un autre (comme kaki à la place de tapis), je voyais un objet à la place d’un autre (je voyais des plaquettes de chocolat au lieu d’une pile de livres).

 

Santé : J’ai quelques sujets mineurs (fragilité articulaire, nez bouché, parfois pertes de cheveux). Je n’ai pas l’impression que le jeûne ait particulièrement agi à ce niveau. D’après ce que j’ai compris le le corps priorise les problèmes à traiter et le travail effectué en profondeur n’est pas nécessairement visible.

J’ai perdu 10cm de tour de taille. J’ai perdu 3kg et je viens d’en reprendre 2 (après la reprise alimentaire).

Mon estomac s’est rétréci et n’en est, parait-il, que plus efficace.

Je n’ai pas très bien dormi et je me suis sentie fatiguée le matin, mais la fatigue passait rapidement avec le cours de yoga puis la randonnée. J’ai eu une bonne énergie pour ces différentes activités.

J’ai noté également :

-agitation émotionnelle le mercredi et le jeudi (souvenirs pénibles, sentiment d’insécurité, colère, mauvaise humeur)

-fatigue le matin et sensations de vertige en me levant (mardi et mercredi)

-De retour après le jeûne, quelques difficultés à gérer la sensation de faim. Je ne sais pas si j’ai trop ou pas assez mangé

Repas de rupture de jeûne : j’ai adoré l’atelier cuisine de Lina, avec une toute petite remarque ; j’aurais aimé l’ouvrir par quelque chose de simple : un simple oignon, une carotte, un navet, pour retrouver le goût de l’aliment brut, au lieu de passer directement aux plats cuisinés. Un des grands plaisirs du jeune je trouve c’est « l’après », c’est redécouvrir le gout de l’aliment pur et brut, quand une carotte ou un morceau de navet explosent en bouche…mais c’est un point de détail, et l’un n’empêche pas l’autre.

 

Conclusion

Globalement, j’ai l’impression de revenir d’une bonne semaine de vacances, je me sens en forme, réconfortée, ressourcée.  J’ai l’impression que ce jeûne a changé mon rapport à l’alimentation, avec une volonté renforcée d’évoluer vers une alimentation principalement végétale. Ce stage de l’AMJ est une merveilleuse initiation au jeûne pour tous, sous surveillance médicale (présence du médecin 24H/24), dans un environnement sécurisé, chaleureux et rassurant.

Je n’ai pas observé d’amélioration particulière de mon état de santé – d’ailleurs je n’ai pas de problème de santé particulier a priori, à part quelques fragilités articulaires et autres sujets mineurs. Je suppose que le corps fait son travail de réparation en profondeur et imperceptiblement (notamment réduction de l’inflammation, réparation des muqueuses intestinales, neurogenèse et amélioration des fonctions cérébrales…), ce qui n’est pas nécessairement visible à l’œil nu.

Le reste du groupe a également bien vécu l’expérience, d’après ce que j’ai pu en juger. Tous ont participé aux activités. Certaines personnes atteintes de pathologies ont vu leur état s’améliorer pendant la semaine, deux notamment ont arrêté partiellement ou totalement leur traitement, sous surveillance médicale.

J’ai maintenant envie de renouveler et d’approfondir cette expérience :

  • Je peux refaire une cure par exemple dans 1 an sur une durée plus longue de 10 ou 15 jours au lieu de 5 ; en effet j’ai eu l’impression d’arrêter trop tôt, avant que la cure ait pu produire tous ses effets.
  • Je peux aussi expérimenter le jeûne hydrique (à base d’eau uniquement, pas d’apports en bouillons ou en jus de légumes). Le jeûne Buchinger a fait ses preuves médicalement notamment en Allemagne ou il est pratiqué dans les hôpitaux, et il permet de découvrir le jeûne dans un contexte efficace et sécurisé ; mais le jeûne hydrique permet peut-être de faire un travail de guérison physique et mental encore plus en profondeur ? A tester.
  • Je peux aussi essayer de vivre le jeûne différemment la prochaine fois, de manière plus solitaire et méditative, même si c’est moins confortable. Le Dr Tal Schaller mentionne dans son livre « le jeûne holistique » : « Le jeûne est un temps idéal pour s’ouvrir à l’émerveillement et à l’écoute intérieure qui débouchent sur des expériences mystiques et transcendantales. » Sans aller nécessairement jusque l’expérience mystique, je peux saisir cette occasion pour nourrir ma vie spirituelle ?
  • Je peux intégrer le jeûne à mon mode de vie en pratiquant le jeûne intermittent

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